Tamanarte
Publié le 25 Mars 2010
Sur la route reliant Fam El Hisn à Bouizakarne se trouve un village nommé Tamanarte, l’appellation Tamanarte tire son origine du fait que la région se trouve traversée par le fleuve appelé Oued Tamanrt. Entourée par une pluralité de montagnes faisant partie de la chaîne Bani, cette localité se distingue par ses beaux paysages ainsi que ces traditions qui font de Tamanarte une région qui suscite l’intérêt des visiteurs.
La tribu Aït Mribat :
Les habitants de Tamanarte font partie de la tribu Aït Mribt, l’une des tribus sahariennes qui occupait le Sahara et luttait contre les invasions étrangères. D’après quelques références, cette communauté est venue de la Mauritanie, elle a pu de même fonder l’état des Almoravides : La dynastie berbère qui a régné sur l’Afrique du nord entre le XI et le XII siècle de l’ère chrétienne. Après le déclin de Marrakech, fondée par Youssef Ben Tachfine le chef des hommes de Sanhadja (Almoravides)vers 1060, cette dynastie s’est recroquevillée dans les régions du Sahara ce qui prépare le terrain aux Almohades pour régner sur la ville ainsi que le Maroc à partir de 1147.
Par conséquent, les Almoravides se sont dispersés dans plusieurs régions du sud marocain notamment Guelmim, Assa, Tan Tan, Tamanarte, Aka, et Fam El Hisn. La tribu Aït Mribat (le nom qu’elle porte jusqu’à présent) s’est installée dans la région de la chaîne montagneuse Bani. Elle s’est distinguée par son passé farci de gloires et de victoires. Ceci dit, la tribu a mené des combats contre le joug du colonialisme. Elle s’est engagée, en outre, dans la résistance nationale lors de la période colonial. Ajoutons que les Aït Mribat ont joué un rôle très important dans les activités commerciales de l’époque.
: Le moussem de Tamanarte
L’Anmougare ( moussem) de Tamanarte qui s’organise de façon annuelle est conçu comme étant une opportunité pour présenter aux habitants des différents douars de la région le patrimoine de Tamanarte. Ce moussem, qui s’étale sur trois jours successifs de la deuxième moitié du mois de septembre, constitue un meeting incontournable pour les populations.
L’Anmougare de Tamanarte, qui se tient à Agrad (mot de langue amazigh renvoyant à ce qui se situe en haut), est visité pour les diverses activités musicales qui s’ y trouvent et également pour s’acheter les denrées essentielles. Les activités musicales desquelles nous parlons se présentent pendant les veillées artistiques organisées à la fin de chaque jour.
La tradition Hawi :
Le troisième jour du moussem coïncide avec l’organisation d’une tradition qui suscite l’intérêt des visiteurs. Il s’agit de Hawi ; une tradition qui se trouve enracinée dans les pratiques des habitants et attestant un héritage ancestral à la fois riche et divers.
Si nous croyons les personnes que nous avons rencontrées, nous dirons que la tradition était appelée dans un premier temps (هو الله : c’est Dieu). Cependant, cette nomenclature a subi des changements au fur et à mesure des époques pour être appelée présentement Hawi (هاوي ).
Concernant l’origine de cette tradition remontant à l’époque du Cheikh Ben Brahim Tamanrti le saint du village. Les histoires orales précisent que pendant l’arrivée de cet homme, il y avait une demeure où il devait s’y installer mais elle été habitée par des forces surnaturelles ce qui obligeait les habitants de l’époque de s’armer du saint coran et des feuilles de palmier pour faire des tours autour de la demeure en ressassant (هو الله : c’est Dieu) jusqu’à ce que ces forces soient parties à jamais.
A nos jour, le moussem se clore sur cette tradition qui se pratique à Agdar. Les participants (des enfants, des jeunes et des adultes) à cette tradition doivent former un cercle afin d’effectuer des tours en répétant collectivement le mot HAWI. Les femmes ne participent pas à cette tradition, elles se contentent donc de suivre de près le spectacle tout en s’habillant des vêtements blancs. D’après la croyance collective, la personne qui tombe pendant l’exécution de cette tradition n’assistera pas au moussem de l’année prochaine puisqu’elle rendra bientôt l’âme à dieu.
Ahwach de la région Tamanarte :
Les habitants de Tamanarte pratique la danse d’Ahwach pendant toutes les cérémonies collectives. Cette danse se caractérise par une pratique qu’on appelle Tanadamt : Il s’agit d’un chant dialogué qui ressemble à une joute orale. Les participants y compris les femmes forment deux rangées l’une rivalise avec l’autre.
Chaque partie à un improvisateur c’est-à-dire la personne censée émettre des paroles pour évoquer l’improvisateur de l’autre partie. Quant aux sujets évoqués dans cette rencontre, ils doivent avoir un cachet local ; les improvisateurs parlent des sujets de leur vie quotidienne. On utilise des instruments de musique à percussion comme Ganga et les tambourins. Les femmes favorisent ce climat musical via leurs youyous. Notons que cette tradition est fortement présente pendant le moussem du village.